Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Revue d’économie financière
REF 123 La recomposition des systèmes financiers

publication : octobre 2016 356 pages

 La recomposition des systèmes financiers

Introduction Accès gratuit


Pierre JAILLET Jean Paul POLLIN
Avec le temps, l'hypothèse d'une stagnation séculaire des économies développées popularisée par Summers (2014) semble gagner en consistance. D'une façon un peu schématique, elle peut s'analyser comme un excès d'épargne qui se résout en contraction de l'activité économique, en déflation, et à long terme en une baisse du taux de croissance potentiel. Les origines d'un tel déséquilibre se trouvent à…

Surplus d'épargne et déficit d'investissement : quelles solutions ? Accès gratuit


François VILLEROY DE GALHAU
Classification JEL : E21 E22 F36 G20 E60

L'économie européenne est aujourd'hui confrontée à un réel défi de financement qui handicape les conditions de sa croissance. Il est donc nécessaire de construire une véritable « Union de financement et d'investissement » qui permette à la fois de diversifier les financements des entreprises, de réorienter l'épargne des ménages vers le long terme et de développer un véritable marché européen du capital. Il faut en particulier veiller à ce que le système financier puisse remplir au mieux sa fonction d'allocation des capitaux et ainsi financer l'investissement productif. Pour cela, une augmentation importante des exigences en capital pesant sur les banques doit être évitée. Il faut également créer de nouveaux produits d'épargne et éviter les distorsions fiscales qui favorisent les placements courts et liquides. Enfin la diversité des canaux de financements doit être assurée et il faut poursuivre les réformes réglementaires visant à mieux contrôler le shadow banking et à assurer sa stabilité.

 Mieux canaliser l'épargne vers les investissements d'avenir

Le financement de la nouvelle économie : révolution ou évolution ? Accès gratuit


Jean-Hervé LORENZI
Classification JEL : G24 L10 O30 G32

Les besoins de financement élevés des acteurs du secteur des NTIC ne peuvent pas être assurés de manière classique par le secteur bancaire du fait de la difficulté à évaluer leur marché futur. Ils sont largement financés par le capital-risque ou par des business angels lors de la création d'entreprise, avant une éventuelle cotation en Bourse. On assiste donc au développement rapide de canaux de financement, pour partie préexistants (aide publique, business angels, crowdfunding, capital-investissement), mais qui ne résolvent qu'une partie du problème.

Dans les faits, les géants du numérique suscitent un engouement démesuré, visible par la hausse irrationnelle des cours boursiers. Cela leur donne une force de frappe colossale qui leur permet de disposer de liquidités gigantesques et de mettre en place des stratégies de contrôle et d'absorption des start-up qui pourraient les concurrencer. Par-delà leur diversité, ces entreprises ont en effet une stratégie commune de contrôle du secteur à travers son financement : R&D, acquisitions, financement d'entreprises liées aux NTIC. La concentration du secteur va s'accroître jusqu'à susciter une réaction législative anti-monopole.

Économie et fonds d'investissement Accès gratuit


Philippe TIBI François VÉRON
Classification JEL : G32 O31

L'Europe peine dramatiquement à développer une économie de l'innovation. Pourtant, tant l'épargne que les talents y sont abondants et mobilisables. Le « chaînon manquant » est plutôt à chercher du côté de la transformation de l'épargne en capital et des facteurs culturels. Plus spécifiquement, c'est parce que manquent les leviers essentiels que sont l'ambition ainsi que des institutions et des pratiques de gouvernance adaptées à la nouvelle économie entrepreneuriale. Cet article explore précisément les éléments nécessaires à l'essor d'une nouvelle économie et le rôle qu'y devraient jouer les fonds d'investissement.

Il n'y a pas trop d'épargne, seulement de mauvaises politiques économiques Accès gratuit


Olivier DAVANNE
Classification JEL : E22 E61 G28

Cet article rappelle pourquoi l'épargne semble aujourd'hui particulièrement abondante mais critique la notion d'« excès d'épargne ». Il défend l'idée selon laquelle, à moyen terme, une épargne importante peut être absorbée par l'investissement productif et, à ce titre, favorise la productivité et la croissance. La faible croissance européenne des dernières années n'était donc pas une fatalité liée à un excès d'épargne mais le résultat de politiques économiques frileuses qui ont laissé s'effondrer l'investissement productif sans réagir. Sur un plan structurel, il est cependant vrai que l'abondance de l'épargne pénalise les épargnants qui reçoivent un rendement réel médiocre, voire négatif, sur leurs placements. Dans ce contexte, la théorie économique parle de « suraccumulation » quand les taux d'intérêt réels à très long terme sont inférieurs au taux de croissance potentiel de l'économie. Dans ces situations, la dette publique ne pèse sur aucune génération et l'objectif d'équilibre budgétaire perd de sa légitimité. Par ailleurs, dans son survol des « mauvaises politiques économiques » liées à l'épargne, cet article s'inquiète de la capacité des institutions financières à continuer à prêter lors de la prochaine récession, dans un contexte où elles sont maintenant menacées par l'utilisation de pouvoirs de résolution très peu encadrés.

 L'intégration financière dans une perspective internationale

Les imperfections de l'intégration financière internationale Accès gratuit


Olivier GARNIER
Classification JEL : F21 F34 F36

Les crises récentes, tant dans la zone dollar que dans la zone euro, ont été alimentées par des imperfections dans le processus d'intégration financière internationale : cette dernière a trop largement reposé sur les instruments de dettes plutôt que sur les investissements directs et en actions. D'où une exposition excessive au risque de liquidité externe et, corrélativement, une demande excessive d'assurance « publique » externe, soit par accumulation de la monnaie de réserve (zone dollar), soit par des mécanismes de mutualisation budgétaire (zone euro). Le processus de diversification des avoirs externes de la Chine, d'une part, et l'Union des marchés de capitaux en Europe, d'autre part, constituent des opportunités pour promouvoir un plus grand recours à des mécanismes de mutualisation internationale des risques via les marchés privés de fonds propres.

Épargne et investissement : une perspective internationale Accès gratuit


Matthieu BUSSIÈRE
Classification JEL : F21 F34

Alors que la globalisation financière permet en théorie une meilleure allocation de l'épargne et de l'investissement au niveau mondial, favorisant au passage la diversification des portefeuilles et donc un plus grand partage du risque pour les agents économiques, les transferts nets d'épargne entre pays restent limités en pratique (énigme de « Feldstein-Horioka »). Cet article illustre les grandes tendances de l'épargne et de l'investissement dans une perspective internationale de long terme, faisant apparaître notamment une plus grande corrélation entre épargne et investissement depuis la crise financière de 2008. L'article résume ensuite les bénéfices attendus de la globalisation financière et analyse les facteurs qui freinent les transferts d'épargne entre pays, avant de conclure en évoquant quelques pistes pour favoriser ces transferts sans compromettre les impératifs de stabilité financière.

Le système financier chinois : un développement difficile à maîtriser Accès gratuit


Anton BRENDER Florence PISANI
Classification JEL : E21 G23 P20

Depuis la crise financière de 2008, le système financier chinois, encore largement empreint de son passé « soviétique » n'a cessé d'évoluer pour permettre à l'économie d'absorber l'énorme masse d'épargne qui s'y accumule. Le développement d'un système bancaire alternatif est l'un des traits marquants de cette évolution. Ce shadow banking a permis d'élargir les canaux de financement existants et de répondre aux besoins d'emprunteurs toujours plus divers et d'investisseurs à la recherche de rendements élevés. Utile, ce développement largement « spontané » est toutefois source de risques pour la stabilité financière, d'autant que le poids des dettes accumulées est maintenant extrêmement élevé.

 Quel équilibre entre intermédiation et financement de marché ?

Quelle place pour les marchés financiers en Europe ? Accès gratuit


Grégory CLAEYS
Classification JEL : G10 G18 G20 G28

Un système financier efficient est indispensable au bon fonctionnement de l'économie. Les fonctions essentielles de la finance peuvent être assurées par les banques ou par les marchés. Ces deux modes de financement sont complémentaires, et la composition exacte entre banques et marchés n'est en général pas déterminante. Néanmoins le système financier européen repose de façon excessive sur le secteur bancaire tandis que ses marchés sont sous-développés. Il est nécessaire de le rééquilibrer afin qu'il redevienne favorable à la croissance et à l'emploi. Développer et intégrer les marchés européens permettra d'une part aux entreprises d'avoir accès à des sources de financement diversifiées et adaptées à leurs besoins, et d'autre part un partage des risques entre pays européens afin d'absorber les chocs. L'union des marchés de capitaux est un projet de long terme, mais une série de réformes ambitieuses et une nouvelle architecture institutionnelle pourraient orienter le système financier dans la direction souhaitée.

Désintermédier : pourquoi, comment et que peut-on en attendre ? Accès gratuit


Grégory LEVIEUGE Jean Paul POLLIN
Classification JEL : E50 G20

Nous nous interrogeons sur les causes et les conséquences de la désintermédiation observée depuis quelque temps, notamment depuis la crise, en Europe. D'abord nous présentons l'évolution du financement par crédits et par titres, qui semble pouvoir s'expliquer en grande partie par le contexte conjoncturel particulier que nous connaissons depuis 2008. Ensuite nous analysons les objectifs poursuivis par certaines institutions nationales et européennes qui militent pour une désintermédiation élargie, contre ce qu'elles considèrent comme de la « surbancarisation ». Enfin nous analysons d'un œil critique les effets de la désintermédiation en termes de facilitation d'accès au financement des (petites) entreprises, d'efficacité de la politique monétaire et de stabilité réelle et financière.

Les dangers du passage à un modèle désintermédié du financement des entreprises dans la zone euro Accès gratuit


Patrick ARTUS
Classification JEL : G20 G32

On observe que les entreprises de la zone euro se financent déjà davantage sur les marchés financiers et moins par le crédit bancaire. Cette évolution est due aux nouvelles réglementations imposées aux banques européennes, mais correspond aussi à la vision théorique selon laquelle les financements sur les marchés seraient plus efficaces. Nous pensons que le basculement des entreprises de la zone euro vers un financement sur les marchés de capitaux est une erreur pour deux raisons : la faible demande d'actifs risqués par les épargnants et la nécessité avec ce type de financement d'une forte flexibilité du marché du travail.

 Les limites d'une extension des financements de marché

Le rôle des marchés de capitaux dans le financement de l'économie américaine Accès gratuit


Benoît MALAPERT
Classification JEL : G20 G28 N21

À l'occasion des réflexions menées à l'échelle européenne sur le développement d'une union des marchés de capitaux, la référence est souvent faite au modèle de financement désintermédié de l'économie américaine qui repose, de manière plus limitée qu'en Europe, sur les financements bancaires. Cette structure de financement semble davantage le résultat d'un long processus historique, marqué par une influence conjointe de facteurs liés à la taille du marché et à la réglementation que celui d'un choix stratégique des autorités. La titrisation des crédits, très répandue notamment dans l'immobilier, contribue aussi à expliquer la structure du financement de l'économie.

Le financement de marché des ETI : situation et déterminants Accès gratuit


Jean BOISSINOT Thomas MARX
Classification JEL : G23 G32 L25

On assiste depuis quelques années à la diffusion du financement de marché parmi les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette évolution est portée par une combinaison de facteurs externes (taux d'intérêt durablement bas et évolutions du cadre prudentiel de la banque et de l'assurance) et du développement de modalités de financement (financement privé non bancaire) qui ont modifié les termes de l'arbitrage traditionnel entre financement de marché et financement bancaire. À partir des déterminants du choix entre différentes formes de financement, il est possible de caractériser la nouvelle population susceptible de recourir à ces nouveaux modes de financement. La consolidation de l'extension de la panoplie de financements à disposition des ETI suppose d'apporter des solutions qui assurent la pérennité et la robustesse des nouveaux termes de l'arbitrage, notamment en matière d'information et de capacité d'analyse et de suivi des investisseurs, de maintien de la confidentialité, de suivi des risques et de renégociation.

Le marché Euro PP : une nouvelle source de financement dans un contexte de désintermédiation Accès gratuit


Stéphanie COLLET Caroline PENY
Classification JEL : E51 G20 L25

Cet article explique le contexte économique dans lequel est né le marché des placements privés en France (Euro PP). Celui-ci se présente comme étant un mode de financement alternatif dans un contexte de désintermédiation, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Basé sur l'analyse de placements privés de juillet 2012 à juillet 2015, l'article fait un état des lieux de ce nouveau marché. Le marché Euro PP a vu progresser la part d'émissions de sociétés non cotées et de plus petites tailles, ainsi que l'émergence d'émissions sur des maturités plus longues, afin de pouvoir satisfaire les investisseurs à la recherche de rendement. Les auteurs mettent en avant le fait que l'Euro PP allège les entreprises de nombreuses garanties (covenants) et que l'investisseur semble sélectionner ses placements selon les caractéristiques de l'émetteur et sa qualité de crédit, plutôt que selon le contexte économique.

 Vers de nouvelles formes d'intermédiation

Quelles incidences d'un élargissement du rôle des fonds d'investissement collectifs ? Accès gratuit


Sébastien GALANTI Françoise LE QUÉRÉ
Classification JEL : G12 G18 G23 G32

La désintermédiation bancaire se traduit par un rôle plus important des acteurs du shadow banking. Les fonds collectifs d'investissement attirent une part considérable de l'épargne des ménages qui, auparavant, était dirigée vers les banques. Cette évolution interroge sur l'efficacité ainsi que sur les risques de ce mode d'intermédiation. La littérature académique s'efforce de mieux décrire le comportement de ces acteurs et d'identifier les risques de leurs pratiques. La littérature empirique propose de vérifier si certains risques – délégation, sensibilité au herding ou à la prise de risque des gérants, implications en cas de rachats massifs et contagion sur les prix d'actifs… – peuvent être mis en évidence. Nous proposons ici d'effectuer ce type d'évaluation pour des fonds mutuels français ouverts investis en actions ou en obligations.

La place de l'assurance et de la réassurance dans la recomposition des institutions financières Accès gratuit


Philippe TRAINAR
Classification JEL : G01 G22 L11

La place de la (ré)assurance dans l'économie continue de progresser et ces activités ont fait preuve d'une grande résilience à la crise. Le secteur est actuellement confronté à plusieurs changements profonds. Les pouvoirs publics ont souhaité renforcer la réglementation prudentielle et ce, au moment même où on observait un accroissement significatif de l'intensité capitalistique, et on assiste parallèlement à une internationalisation croissante des activités. La crise et les politiques monétaires ont incité les (ré)assureurs à réduire le poids des actions et des obligations souveraines dans leurs portefeuilles d'actifs et à se tourner vers les investissements « alternatifs » pour compenser les effets des taux d'intérêt nuls ou négatifs. Cette résilience du secteur et sa profitabilité ont accru son attractivité auprès des investisseurs, avec pour conséquence des capacités de couverture accrues et des pressions à la baisse sur les tarifs de certaines lignes d'activité, notamment en catastrophes naturelles. Pour autant, la recomposition du secteur n'est pas achevée.

Un moment opportun pour l'évaluation des coûts et bénéfices des garanties de crédit et la relance des politiques de soutien aux PME Accès gratuit


Jessica CARIBONI Sara MACCAFERRI Sébastian SCHICH
Classification JEL : G32 G38 H43

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont considérées comme le pilier de l'économie et souvent également comme un moteur essentiel de l'innovation technologique et de la création d'emplois. Malgré l'existence de nombreux programmes de soutien aux PME, visant notamment à leur faciliter l'accès au financement bancaire, et malgré le renforcement de ces programmes face aux effets de la crise financière mondiale, les entreprises de petite taille et innovantes semblent encore souffrir d'un manque de financement externe. Ce constat souligne la nécessité d'améliorer les mécanismes de soutien existants, et en particulier les systèmes de garantie du crédit. Cet article soutient qu'il est temps pour les pays membres de l'OCDE et de l'Union européenne d'adopter des approches plus structurées pour évaluer les coûts et avantages des dispositifs de soutien aux PME, lorsqu'ils existent. Quelques orientations sont apportées par de récents travaux théoriques qui mettent fortement l'accent sur la conception d'évaluations rigoureuses des interventions publiques de ce type. L'analyse de ces travaux indique que les activités des systèmes de garantie du crédit sont à la fois source d'avantages et de coûts qui doivent, nous l'affirmons, être plus attentivement évalués.

 Recension

Architecture des systèmes financiers et performances macroéconomiques Accès gratuit


Aurélien LEROY Yannick LUCOTTE
La crise de 2007, d'abord financière, puis économique et sociale, a mis au jour les criantes déficiences des systèmes financiers, pris dans leur ensemble, à financer des modèles de croissance équilibrés. Ce constat sans appel a constitué une invitation à des évolutions profondes des systèmes financiers. Ces évolutions doivent permettre à l'avenir d'assurer une meilleure allocation du capital et…

 Chronique d'histoire financière

Quels enseignements de la panique de 1907 pour l'analyse de la crise de 2008 ? Accès gratuit


Jon MOEN Ellis TALLMAN
Les comparaisons historiques ont beaucoup à nous apprendre sur la crise financière de 2008. L'étude de la panique bancaire américaine de 1907 présente notamment quelques similitudes surprenantes avec la crise récente sur le plan de la chronologie des événements, des structures financières et des marchés. Les deux crises ont engendré une série similaire de faillites et de sauvetages bancaires.…

 Article divers

Bitcoin et blockchain  : quelles opportunités ? Accès gratuit


Jean-Marc FIGUET
Classification JEL : E40 G21 G23

L'émergence de monnaies virtuelles, fondées sur des protocoles cryptographiques suscite des interrogations quant à leur statut de monnaie au sens classique du terme. Dans cet article, nous analysons le cas du bitcoin. Nous montrons qu'il ne satisfait pas aujourd'hui les fonctions usuelles de la monnaie. Son acceptabilité en tant que moyen de paiement est limitée, sa volatilité est trop forte pour servir de réserve de valeur et il n'est pas utilisé comme unité de compte. Cependant la technologie collaborative et décentralisée, la blockchain, utilisée pour émettre cette monnaie et régler les transactions, recèle un potentiel de modification de l'organisation centralisée des systèmes de paiement et de règlement-livraison.