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 Fonds climatiques : l'heure du grand ménage a sonné


Philippe LE HOUÉROU * Président, Conseil d'administration, AFD (Agence française de développement) ; directeur, Chaire Architecture internationale du financement du développement, Ferdi. Contact : lehoueroup@gmail.com.Cet article a été publié par la Ferdi dans un Working Paper no 320 en mars 2023.

Au cours des trente dernières années, pas moins de 94 fonds verts pour le climat ont été lancés afin de financer des projets et des programmes de lutte contre le changement climatique dans les marchés émergents et dans les économies en développement. Chacun de ces fonds peut avoir trouvé une justification au moment de sa création. Toutefois, considérés comme un tout, ils ne s'additionnent pas et leur contribution aux flux totaux de la finance verte reste marginale.

Dans cet article, nous avons recensé 81 fonds actifs à la fin de 2022. Il est en outre difficile, voire impossible, d'évaluer ne serait-ce que les aspects les plus élémentaires de la gestion financière et de l'impact de ces fonds en tant que « système » et canal de financement de la lutte contre le changement climatique. Étant donné le caractère impérieux à renforcer les politiques et les projets d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de ses effets sur les marchés émergents et dans les économies en développement, et plutôt que de créer de nouveaux fonds qui viendraient s'ajouter à l'étonnante atomisation actuelle, il est urgent de réduire massivement le nombre considérable de fonds climatiques existants et de réformer les fonds qui subsisteront, de manière à renforcer leur transparence, leur efficacité, leurs effets de synergie et leur impact. Cela constituerait une première étape judicieuse dans la rationalisation et la redéfinition de l'architecture chaotique de l'aide au développement actuelle, d'autant plus que la plupart de ces fonds relèvent du financement public.

Les débats autour de changements indispensables à apporter à l'architecture de l'aide au développement se sont intensifiés ces derniers mois. Au cours des trente à trente-cinq dernières années, cette architecture conçue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a évolué sans plan directeur et sans maître d'œuvre, au gré des adaptations circonstancielles. Il en est résulté un système d'aide au développement désordonné et fragmenté que peu de gens comprennent et dont l'efficacité et l'impact sont aujourd'hui contestés. Par ailleurs, alors que les conséquences dévastatrices du changement climatique et des pandémies (Covid-19 et grippe aviaire) se font de plus en plus ressentir par les citoyens dans le monde entier, et donc par leurs représentants politiques, l'urgence de « faire quelque chose » ou, plus précisément, d'« en faire plus »…