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 Une banque monétaire européenne dotée de fonctions de Banque centrale


Robert TRIFFIN Professeur université catholique de Louvain
L'objectif ultime d'une union monétaire européenne complète ne peut être atteint que par une voie radicalement différente de celle que proposait le Premier Plan Werner. La suppression totale des marges et fluctuations du taux de change entre monnaies a cédé la priorité à un objectif plus immédiat, consistant en la transformation de l'Ecu en une monnaie parallèle, destinée aux règlements internationaux et à l'accumulation de réserves, et devant remplacer progressivement l'eurodollar. Cette priorité immédiate, qui semble admise largement par les populations de la Communauté selon des sondages récents d'opinion, paraît également politiquement viable. La croissance de l'Ecu en tant que monnaie parallèle nécessite certaines mesures officielles visant à accroître sa liquidité par rapport à celle des monnaies nationales, à garantir que les dettes en Ecu n'engendreront pas de tensions inflationnistes inacceptables. La Banque européenne qui gérerait les Ecu devrait avoir les pouvoirs d'ajuster les émissions d'Ecu en fonction des exigences d'une croissance non-inflationniste des États membres et de veiller sur la parité entre l'Ecu et le dollar des États-Unis, le tout dans un cadre institutionnel susceptible d'éviter que des pressions politiques à court terme ne menacent les intérêts à plus long terme de la Communauté.
Dans cette perspective, l'union monétaire européenne complète sera plus perçue comme une extension progressive de l'utilisation de l'Ecu dans les transactions intérieures et extérieures que comme une stabilisation des taux de change entre monnaies des pays membres.