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 La courbe de Phillips est-elle pertinente pour comprendre le lien entre inflation et chômage ?


Christophe BLOT * Économiste, OFCE-Sciences Po ; professeur associé, Université Paris Nanterre. Contact : christophe.blot@ofce.sciences-po.fr.

Bien que la courbe de Phillips joue un rôle important dans les modèles macroéconomiques, les travaux empiriques ont souvent mis en évidence une baisse, voire une absence, de lien entre inflation et chômage. Cet article montre que la courbe de Phillips reste un cadre pertinent pour analyser l'inflation et comprendre le lien entre l'inflation et le chômage. L'instabilité des estimations résulte à la fois des difficultés à mesurer les tensions sur le marché du travail, ou les anticipations d'inflation, et de la non-linéarité de la courbe. De plus, les changements de stratégie de politique monétaire, à partir des années 1980, et la globalisation des économies pourraient affecter la corrélation entre l'inflation et le chômage.

Alors qu'elle fait le lien entre l'activité et la dynamique des prix au sein de nombreux modèles macroéconomiques, la déconnexion apparente entre l'inflation et le taux de chômage, particulièrement depuis la crise financière globale, semble remettre en cause la pertinence de la courbe de Phillips. Malgré la forte contraction de l'activité en 2009, l'inflation est demeurée généralement positive, suggérant une « désinflation manquante » (Coibion et Gorodnichenko, 2015)1. Inversement, à la fin de 2019, alors que le taux de chômage américain atteignait un point bas historique depuis la fin des années 1960, l'inflation restait stable, faisant écho aux analyses sur la stagnation séculaire et la possibilité d'un régime d'inflation structurellement inférieure à la cible des banques centrales (Eggertsson et al., 2019). Dans la zone euro, malgré…