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Revue d’économie financière
REF 122 Démographie et finance

publication : juin 2016 310 pages

Introduction Accès gratuit


Hippolyte D'ALBIS Philippe TRAINAR
Classification JEL : G31
Rien ne semble, a priori, plus opposé que la démographie et la finance. La première est souvent associée à des temporalités longues, alors que la seconde est parfois sujette à des évolutions très rapides. Les sciences actuarielles mises à part, les deux disciplines ont d'ailleurs longtemps eu relativement peu d'interactions. Et pourtant, lorsqu'on appréhende la finance à partir des décisions…

 Le contexte démographique

Les évolutions démographiques internationales et leurs conséquences économiques Accès gratuit


Philippe TRAINAR
Classification JEL : J11 J18

Cet article vise à identifier les tendances clés de la démographie au niveau mondial ainsi que leurs conséquences économiques en se basant sur les projections de la division population des Nations unies. Les évolutions démographiques actuelles résultent principalement de la combinaison de trois facteurs : la structure démographique héritée du passé, la baisse de la fertilité des femmes et l'allongement de la durée de vie. Les différences existantes et les convergences à l'œuvre ont, à travers les taux de dépendance des inactifs vis-à-vis de la richesse créée par les actifs, des conséquences macroéconomiques importantes. Elles devraient notamment altérer les équilibres macroéconomiques internationaux, en particulier par une réduction des déséquilibres des paiements courants dans le monde par rapport au point haut qu'ils ont atteint dans les années 1990 et 2000. Ceci va se traduire par une responsabilité accrue des politiques économiques nationales dans l'évolution des déséquilibres internationaux.

Démographie, économie, culture Accès gratuit


Hervé LE BRAS
Classification JEL : B10 B12 B13

Les rapports de la démographie et de l'économie ont été complexes dès l'apparition de l'étude des populations. William Petty au xviie siècle et Thomas Malthus au xviiie siècle, qui étaient économistes, posent les fondations de la démographie. Mais dans le courant du xixe siècle, l'intérêt pour l'étude scientifique des populations glisse vers la biologie, à la suite du succès de la théorie de l'évolution. C'est dans ce cadre qu'apparaissent les théories eugéniques qui seront dominantes jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Cependant, dès les années 1920, un rapprochement s'opère entre la démographie et l'anthropologie culturelle qui prend une grande ampleur après 1945. Par une sorte de retour aux sources, depuis les années 1950, les préoccupations économiques connaissent un retour d'intérêt avec les travaux d'Alfred Sauvy et Jean Fourastié, et aux États-Unis de Gary Becker. Aujourd'hui, les études démographiques s'appuient surtout sur l'anthropologie culturelle et l'économie, comme on le montre avec trois études de cas pour terminer.

La longévité : passé, présent et futur Accès gratuit


James W. VAUPEL
Classification JEL : J11 J14

La longévité humaine a connu une hausse remarquable depuis 1840. En France, l'espérance de vie a doublé, passant de 40 ans en 1840 à 82 ans aujourd'hui. L'analyse de la nature de cet accroissement, y compris les progrès en termes de survie chez les personnes âgées, apporte un nouvel éclairage sur les transformations économiques, sociales et en matière de santé ayant eu lieu au cours des deux cents dernières années. Il se pourrait que l'avenir de la longévité soit tout aussi remarquable que son passé. Démographes, actuaires, gérontologues et autres experts de la mortalité sont largement en désaccord sur la question de savoir si l'espérance de vie se rapproche d'une limite inéluctable ou si, au contraire, elle continuera d'augmenter aussi rapidement que par le passé. Des méthodes de projection plus performantes sont nécessaires afin d'anticiper les évolutions économiques, sociales et de santé à venir.

« Rebond de la fécondité » dans les pays développés, automatisme ou apanage de quelques rares privilégiés ? Accès gratuit


Angela GREULICH
Classification JEL : J11 J13 J16 O11

L'inversion de la tendance, appelée « rebond de la fécondité », qui accompagne le processus de développement économique dans certains pays développés, mais pas dans tous, montre que l'incidence du développement économique sur la fécondité est ambiguë. Le caractère positif ou négatif de cette incidence dépend de nombreux facteurs, en plus de la dimension économique. Dans la mesure où la fécondité affecte la croissance démographique et la pyramide des âges, ses évolutions dans un futur immédiat ont des conséquences très importantes sur le développement économique, la croissance de la productivité et certains aspects de la protection sociale. Par conséquent, le fait de savoir si de nouveaux progrès économiques sont susceptibles de provoquer un rebond de la fécondité dans les pays très développés revêt un intérêt politique, social et économique majeur.

Cet article apporte un éclairage sur les moteurs potentiels de la fécondité dans les pays très développés. En dressant un état de l'art de la littérature empirique, il répond à la question : le phénomène du « rebond de la fécondité » est-il susceptible, et dans quelles conditions, de devenir un fait stylisé dans les pays développés dans un avenir proche ?

Migrations et flux financiers internationaux Accès gratuit


Hillel RAPOPORT
Classification JEL : F21 F22 F63 J11

Cet article synthétise la littérature récente sur les liens entre les migrations internationales et les flux financiers internationaux, principalement les investissements directs étrangers (IDE) et les flux financiers tels que les achats de portefeuille ou les prêts bancaires. Deux conclusions majeures ressortent de celle-ci. La première est que les migrations internationales concourent à réduire les coûts de transaction bilatéraux et les imperfections d'information, facilitant par là même les investissements directs étrangers et autres flux financiers des pays d'accueil des migrants vers leurs pays d'origine. La seconde est que les migrants qualifiés, les plus à même de détenir des informations pertinentes du point de vue des investisseurs et de participer à des réseaux d'affaires internationaux, jouent un rôle essentiel dans l'explication de ces processus. Il ressort donc que les migrations internationales permettent d'améliorer l'intégration des pays d'origine (particulièrement des pays en développement) dans l'économie et la finance globale et de réduire le home bias qui caractérise la structure des investissements financiers dans les pays industrialisés.

 Enjeux macroéconomiques et financiers

Conséquences macroéconomiques du vieillissement de la population Accès gratuit


Ronald LEE Andrew MASON
Classification JEL : J11 J14 J18

La baisse de la fécondité et l'allongement de la durée de la vie amènent au vieillissement de la population et au ralentissement ou même à la baisse de la croissance démographique. Tandis que le ralentissement de la croissance démographique réduit la nécessité d'épargner, le vieillissement de la population impose des coûts liés à la dépendance des personnes âgées qui sont particulièrement lourds pour le secteur public. Le taux de fécondité est-il trop faible ? Le projet des Comptes de transferts nationaux (National Transfer Accounts ou NTA) fournit des données permettant de quantifier les coûts liés à la dépendance. Au vu de la répartition par âge actuelle des impôts et prestations dans les pays à revenu élevé et à revenu moyen supérieur, un taux d'environ trois naissances par femme permettrait de maximiser le ratio de soutien public. Les profils d'âge inclusifs de consommation et de revenus du travail sont toutefois plus pertinents en termes de niveau de vie. Les ratios de soutien correspondants sont maximisés par un taux de fécondité légèrement supérieur à deux naissances par femme. En allant un peu plus loin et en prenant en compte la baisse de l'épargne, un taux égal à 1,5 naissance par femme dans les pays à revenu moyen supérieur et à 1,8 naissance par femme dans les pays riches industrialisés permettrait de maximiser le niveau de vie. Au sein d'économies ouvertes, ces résultats seraient légèrement différents. Par ailleurs, la prise en compte du capital humain influerait également quelque peu sur ces résultats.

Le « paradoxe » démographico-économique Accès gratuit


Claude DIEBOLT Faustine PERRIN
Classification JEL : J11 J13 J16 N30 O11 O15 O43 O47

Le « paradoxe » démographico-économique suggère que le déclin de la fécondité serait une conséquence naturelle du progrès économique. La simultanéité des évolutions économiques et démographiques soulève des questions au sujet de la relation de causalité liant population et croissance économique. Dans ce champ de recherche, les théoriciens ont développé des modèles de croissance unifiée mettant en évidence l'importance de l'arbitrage parental entre le nombre d'enfants désiré et leur « qualité » dans la transition vers un état de croissance économique soutenue. La littérature en lien avec la dynamique de la fécondité reste néanmoins divisée entre les partisans de l'adaptation à des choix rationnels et ceux en faveur du rôle joué par la diffusion de la culture et des normes. Prise séparément l'une de l'autre, aucune de ces approches ne permet de fournir d'explications pertinente et fiable de l'interaction entre développement économique et démographique. Nos travaux, en prolongement de ces investigations, explorent les mécanismes sous-jacents aux évolutions économiques et démographiques à travers le prisme de l'égalité hommes-femmes.

Le risque de longévité pour les fonds de pension Accès gratuit


Bruno LATOURRETTE
Classification JEL : G22 G23 J11 J14

Les fonds de pensions à prestations définies portent des risques importants de longévité dont le risque principal est celui dit de tendance lié à l'amélioration plus forte que prévue de l'espérance de vie des retraités. Ce dernier a été constamment sous-évalué depuis des décennies, ce qui se traduit par un sous-provisionnement actuel des engagements et des besoins importants de couverture de ce risque que le simple marché de l'assurance ne pourra pas gérer seul, d'où le besoin de trouver des solutions de marchés financiers qui, outre la capacité apportée, permettront une bien meilleure transparence sur les anticipations de mortalité.

Le nouveau marché du risque de longévité Accès gratuit


David BLAKE Andrew CAIRNS Guy COUGHLAN Kevin DOWD Richard MACMINN
Classification JEL : G22 G23 J11 J14

L'impact considérable du risque de longévité sur le plan économique pour les entreprises, les gouvernements et les individus commence à être reconnu et quantifié. En raison de son ampleur et de sa prévalence, l'exposition au risque de longévité constitue en termes financiers la principale exposition à un risque lié à l'espérance de vie et représente une menace potentielle pour l'ensemble du système de retraite. Cet article revient sur la naissance et l'évolution du marché de la longévité, lié au transfert des risques de longévité et de mortalité. Nous constatons que l'émergence d'un marché et d'instruments liés à la longévité devrait agir comme un catalyseur pour faciliter le développement de marchés des rentes viagères à la fois dans les pays développés et en développement et protéger la viabilité à long terme des systèmes de retraite dans le monde entier.

Impact des évolutions démographiques sur l'épargne et les marchés financiers Accès gratuit


Hippolyte D'ALBIS
Classification JEL : G10 J10

Dans cet article, l'hypothèse d'asset meltdown, qui anticipe une forte baisse des prix des actifs causée par le passage à la retraite des cohortes nombreuses du baby boom est discutée. Dans un premier temps, la corrélation entre variables financières et démographiques est présentée, ainsi que les principaux arguments théoriques qui soutiennent l'hypothèse. Dans un second temps, il est démontré que ces arguments résistent difficilement à une analyse poussée. En particulier, les effets globaux du passage à la retraite des baby boomers sur l'épargne et les prix de marché laissent penser que l'épargne totale des ménages ne devrait pas diminuer dans les prochaines années et que le lien entre les variables démographiques et les prix de marché est difficile à établir. Si l'hypothèse d'asset meltdown ne semble pas robuste, la prise en compte des variables démographiques permet néanmoins de mieux comprendre les dynamiques des variables financières.

 Enjeux patrimoniaux

Inégalité mondiale et inégalités nationales : niveaux et durées de vie Accès gratuit


François BOURGUIGNON
Classification JEL : I30 J11 O15

Cet article analyse l'évolution de l'inégalité mondiale des niveaux de vie individuels et aborde la question de savoir si la baisse de l'inégalité mondiale observée au cours des dernières décennies, largement imputable à la diminution des inégalités entre pays, pourrait être entravée à l'avenir par l'évolution inverse constatée au sein de nombreux pays. Cette double évolution de l'inégalité mondiale et des inégalités nationales dans le domaine des niveaux de vie est comparée à une autre dimension du bien-être, celle de la santé, telle qu'appréhendée par la durée de vie.

Vivre (très) vieux avec les moyens requis : quels produits viagers ? Accès gratuit


André MASSON
Classification JEL : D31 G22 J14 J18

L'allongement de l'espérance de vie, notamment aux âges élevés, depuis le milieu des années 1970 fait que le risque de longévité s'accroît à nouveau, avec l'incertitude affectant les pensions futures et les coûts croissants associés à la santé âgée et à la dépendance. Cette évolution inédite milite pour le développement des produits viagers acquis au cours de la retraite (rente, viager, prêt viager), aujourd'hui peu diffusés. Les solutions proposées passent par des formes rénovées de ces produits – rente ou crédit adossé contractés sur une durée déterminée, « viager mutualisé » ou viage, prêt-viager ciblé sur la dépendance –, dont le développement serait encore stimulé par une réforme originale des droits de succession. L'intervention de l'État pour réguler ces marchés s'avère indispensable, elle passe notamment par une codification des tables de mortalité et une protection spécifique des catégories modestes.

Le patrimoine des personnes migrantes Accès gratuit


Ekrame BOUBTANE
Classification JEL : D31 F22 J15 R21 R23

Cet article examine les différences de taux de détention de patrimoine entre les ménages immigrés et les ménages autochtones à partir des données de l'enquête patrimoine 2009-2010 de l'Insee. Les caractéristiques sociodémographiques et économiques des ménages immigrés expliquent une part très importante des écarts observés. Lorsque l'effet de ces caractéristiques est pris en compte, il apparaît que les ménages immigrés ont une probabilité comparable à celle des natifs de détenir du patrimoine, sauf en ce qui concerne les livrets d'épargne. Les facteurs spécifiques de la population immigrée, tels que le pays d'origine, le statut légal et la durée de résidence ont un effet significatif sur le patrimoine et contribuent à expliquer les écarts observés.

Les transferts d'épargne des migrants vers les pays d'origine : un enjeu économique pour le développement Accès gratuit


El MOUHOUB MOUHOUD
Classification JEL : D14 F22 F35 J15 O11 O12

Depuis le milieu des années 1970, les montants transférés par les migrants vers leurs pays d'origine ont progressé de façon constante. Ils représentent plus du double de l'aide publique au développement (APD) et ont dépassé les investissements directs étrangers vers les pays en développement hors BRICs. Cet article dresse un état des lieux des transferts d'épargne des migrants, s'intéresse aux déterminants de ces transferts mais surtout à leurs effets macroéconomiques sur la croissance et leurs effets microéconomiques sur la pauvreté, les inégalités et l'éducation des enfants dans les pays d'origine des migrants. Si les travaux récents font ressortir des effets macroéconomiques ambigus, les effets microéconomiques apparaissent indéniablement positifs. Il apparaît également que la décision des migrants de retourner ou non dans leur pays d'origine joue un rôle déterminant. Enfin, la question des transferts est encore relativement absente dans les débats de politique économique dans les pays d'origine alors qu'elle soulève des problèmes majeurs.

 Recension

Démographie et finance : attitude face au risque, anticipations et mécanismes de transmission Accès gratuit


Bertrand ACHOU
 La théorie économique prédit que les décisions d'investissement des individus ou des ménages dépendent à la fois de leurs préférences par rapport au risque et de leurs croyances quant aux rendements des actifs financiers. Des travaux ont montré que ces variables ne sont pas distribuées de manière aléatoire dans la population, mais sont liées à des facteurs objectifs tels le genre ou l'âge, ce…

 Chronique d'histoire financière

Le premier business model de la Banque de France en 1800 Accès gratuit


Arnaud MANAS
  Les banques d'émission : effet de levier et innovation financière À la fin du XVIIIe siècle, les banques d'émission existaient depuis plus d'un siècle. Dupont de Nemours avait clairement décrit leur business model (Dupont de Nemours, 1806) dans un prospectus imaginaire où il rappelait tous les avantages d'une banque d'émission pour un actionnaire potentiel. Être actionnaire de la Banque de…

 Articles divers

Le crowdfunding : modèle alternatif de financement ou généralisation du modèle de marché pour les start-up et les PME ? Accès gratuit


Sylvie CIEPLY Anne-Laure LE NADANT
Classification JEL : G21 G24 M13

Le crowdfunding a été, à l'origine, présenté comme un modèle alternatif permettant de financer des projets risqués grâce à la foule. Les auteurs étudient l'évolution récente de la réglementation et le développement des multiples partenariats noués entre les plates-formes et les banques qui conduisent à la re-financiarisation du modèle initial. Leur analyse montre que le développement du crowdfunding ne conduit pas à un mouvement de désintermédiation mais, au contraire, qu'il généralise l'intermédiation de marché en proposant un outil de finance de marché adapté au non coté.

Les mécanismes économiques et financiers associés à la couverture dépendance : une analyse exploratoire sur données bancaires Accès gratuit


Maximilien NAYARADOU Sébastien NOUET Manuel PLISSON
Classification JEL : G21 G22 I11 J14

La compréhension économique et financière des mécanismes liés aux besoins de couvertures relatifs aux produits d'assurance dépendance est devenue aujourd'hui une préoccupation pour le secteur de la bancassurance. L'inquiétude des Français sur l'avenir des systèmes de retraite et de l'Aide personnalisée d'autonomie (APA) renforce cette préoccupation. Les banques et distributeurs doivent ainsi cerner les attentes et motivations de leurs différents profils de clientèle afin de contribuer à développer davantage ce marché à fort potentiel. Cet article tente de répondre à cette préoccupation grâce à une étude qui se décompose en deux volets, un volet préliminaire et descriptif basé sur l'analyse exploratoire d'un portefeuille bancaire national, puis un volet économique et financier permettant de conjecturer les principaux mécanismes liés aux choix d'assurance et aux couvertures effectives associés à ces produits d'assurance Nos résultats seront ensuite comparés aux principaux résultats de la littérature sur le sujet.