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 La mauvaise perception des risques de longévité et de dépendance ne suffit pas à expliquer la faiblesse du marché de l'assurance dépendance (au Canada)


M. Martin BOYER * Professeur, HEC Montréal, Montréal, Canada.
Philippe DE DONDER ** Directeur de recherches, CNRS, Toulouse School of Economics.
Claude FLUET *** Professeur, Université Laval, Québec, Canada.
Marie-Louise LEROUX **** Professeure, Université de Québec, Montréal, Canada. Contact : leroux.marie-louise@uqam.ca.
Pierre-Carl MICHAUD ***** Professeur, HEC Montréal, Montréal, Canada.Philippe De Donder remercie l'ANR (ANR-17-EURE-0010, Programme Investissements d'Avenir) et la Chaire « Marché des risques et création de valeurs, fondation du risque/Scor ». M. Martin Boyer, Claude Fluet, Marie-Louise Leroux et Pierre-Carl Michaud remercient le SSRHC-CRSH pour la subvention Savoir sur « la protection contre les risques financiers à la retraite » en lien avec les travaux de recherche mentionnés dans cet article.

Cet article étudie certaines des raisons qui pourraient expliquer la faiblesse du marché de l'assurance dépendance au Québec et en Ontario. En utilisant des données d'enquête de 2016, nous expliquons que les biais de perception des risques démographiques (probabilité de survie et de dépendance) ne peuvent à eux seuls expliquer la faible demande pour un tel produit d'assurance. En particulier, même si les perceptions individuelles sont assez hétérogènes, les individus ont tendance en moyenne à surestimer leur probabilité de survie, ainsi que celle d'entrer en maison de retraite, menant plutôt à un surinvestissement en assurance dépendance qu'à un sous-investissement. Nous avançons que la raison la plus probable de la faiblesse de la demande pour l'assurance dépendance provient du fait que les individus ne connaissent pas ce type de produit financier. Ainsi, si les pouvoirs publics souhaitent encourager l'achat d'assurance dépendance, nous préconisons des campagnes de publicité visant à informer les assurés potentiels de l'existence de tels produits. Une piste additionnelle consisterait aussi à développer des produits d'assurance couplés.

De nombreuses raisons ont été avancées pour tenter d'expliquer le faible attrait de la population pour les produits d'assurance visant à couvrir le risque de perte d'autonomie aux âges avancés de la vie. C'est ce que l'on appelle le « casse-tête de l'assurance dépendance » (Costa-Font et Courbage, 2012 ; Pestieau et Ponthière, 2012) : alors même que le risque de perte d'autonomie est bien réel, que les coûts engendrés par la perte d'autonomie sont importants, avec le risque de voir les économies d'une vie fondre comme neige au soleil, les produits d'assurance privée visant à couvrir le risque de perte d'autonomie ne semblent pourtant pas paraître très attractifs auprès du public1. L'OCDE (2011) estimait en effet qu'en 2010, la part de l'assurance dépendance (ou assurance de soins de longue durée) privée dans la part des dépenses totales…