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Très petites entreprises : les banques sont-elles à la hauteur ?

06/28/2019 Revue Banque

Les TPE disposent aujourd’hui d’un accès facile aux crédits, notamment pour l’investissement. Cela suffira-t-il à les réconcilier avec leur banque ?

 

Les relations entre les dirigeants des très petites entreprises (TPE) et leurs banquiers semblent au beau fixe. Le crédit est là, à des taux très bas. Les encours versés aux entreprises dont l’effectif n’excède pas 10 personnes et le chiffre d'affaires 2 millions d'euros, représentaient 287,4 milliards d’euros fin mars 2019. Une hausse de plus de 9 % sur un an.

Le crédit bancaire aux TPE poursuit sa croissance

Les relations entre banques et TPE sont plus fortes qu’il y a cinq ans, confirment dans une interview croisée Marie-Anne Barbat-Layani (FBF) et Bernard Cohen-Hadad (CPME). Les difficultés financières des TPE seraient désormais moins liées à leurs relations avec les banques qu’aux retards de paiement interentreprises, estime notamment le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises.

La toute nouvelle suppression de la « notation 050 » du Fichier bancaire des entreprises de la Banque de France va-t-elle encore conforter cette amélioration ? Longtemps, l’entrepreneur qui avait connu la faillite ne pouvait trouver grâce aux yeux d’un banquier. Une époque peut-être révolue, depuis le 1er janvier 2019 et l’entrée en vigueur du droit à « l’oubli bancaire »… Julien Cusin et Vincent Maymo, de l’Université de Bordeaux, confrontent les deux points de vue, celui des banques et celui des entrepreneurs.

Les nouveaux enjeux de la négociation

Indispensables au moment d’une création ou d’une reprise, les financements bancaires sont sollicités à chaque étape clé de la vie de l’entreprise. Que ce soit pour investir à long terme ou pour renforcer la trésorerie nécessaire à l’activité quotidienne de son entreprise, l’enjeu, pour le dirigeant de TPE, reste de convaincre son conseiller de clientèle. Fabrice Barrier, expert-comptable chez Baker Tilly Strego, accompagne des commerçants et artisans parmi ses clients. Les négociations ne se jouent plus tant sur les taux d’emprunts, extrêmement bas, que sur les frais de fonctionnement et les garanties demandées, observe-t-il. L’enjeu de tout dirigeant de TPE face à son banquier est désormais d’éviter la caution personnelle ou les garanties disproportionnées par rapport à l’engagement.

Dans ce contexte, les solutions proposées par Bpifrance – garantie de prêts bancaires, cofinancement, investissement –, changent la vie des très petites entreprises. La banque publique d’investissement a développé une offre spécifique de prêts destinés aux TPE. Elle teste actuellement des prêts « full digital » destinés à financer le développement de l’entreprise, la transformation, l’immatériel ou l’export. Les plus petites entreprises doivent aussi avoir leur chance à l’international, estime Anne Guérin, directrice exécutive en charge du Financement chez Bpifrance.

Plus que jamais le rôle, les compétences et les qualifications du conseiller s'annoncent déterminants pour guider, mais aussi pour fidéliser cette clientèle de professionnels de plus en plus tentée de partir à la recherche d’autres types de financements. Patrice de Villeroy, chez Deloitte, voit dans le niveau de connaissance qu'a le conseiller des métiers de ses clients, un « formidable levier commercial de développement ». Métier concurrent et émergent, le courtier en prêts professionnels s'imposera-t-il dans l’accompagnement au financement des TPE ? Fabrice Pesin, directeur de la stratégie et de l’innovation de Cafpi, en fait le pari (voir p. xxx).

Toujours plus d’accompagnement et de services alternatifs

Le prêt bancaire reste de très loin l'outil de financement le plus utilisé par les petites entreprises pour se lancer et se développer. D’autres solutions apparaissent toutefois, et avec elles de nouveaux partenaires pour les TPE.

Crowdfunders et autres acteurs de la finance alternative sauront-ils séduire les « pros » ? Olivier Goy, fondateur de la plateforme October (ex-Lendix) dresse le bilan, modeste et révolutionnaire à la fois, du prêt direct aux entreprises par les particuliers.

Certaines FinTechs lorgnent la clientèle traditionnelle des TPE, et concurrencent les banques dans d’autres activités que le financement. La Française Qonto a ainsi conçu une gamme de services bancaires et moyens de paiement, associée à des outils de gestion et de comptabilité, destinée aux petites entreprises et aux entrepreneurs insatisfaits de l’offre des banques traditionnelles.

Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire veut faire participer davantage les Français au financement des entreprises. Dans une interview exclusive pour Revue Banque, il revient sur les mesures de la loi PACTE qui, assure-t-il, permettront aux plus petites structures de mieux capter l’épargne des Français.

Dossier réalisé par Géraldine Dauvergne