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 Du bon usage des politiques monétaire et budgétaire en Europe


Jérôme CREEL * Directeur, Département des études, OFCE-Sciences Po ; professeur associé d'économie, ESCP Business School. Contact : jerome.creel@ofce.sciences-po.fr.
Henri STERDYNIAK
S'il est maintenant certain qu'une monnaie unique sera mise en place en 1999 pour 11 des 15 pays de l'UE, la question délicate de l'organisation des politiques économiques en UEM n'a pas été résolue. Depuis 1990, les pays européens connaissent la coexistence paradoxale d'un fort chômage, de forts déficits publics et de hauts niveaux de taux d'intérêt. L'explication néoclassique, selon laquelle des déficits publics trop élevés auraient conduits à des taux d'intérêt trop élevés, n'a pas de sens en situation de baisse de l'inflation et de sous-emploi des capacités de production. Le schéma keynésien montre que des déficits de régulation sont parfois nécessaires, en particulier quand les gouvernements ne peuvent pas faire baisser les taux d'intérêt. Le niveau des taux d'intérêt en Europe ne s'explique pas par l'équilibre épargne-investissement, mais reflète un nouveau fonctionnement des marchés financiers (libéralisation, dérégulation) et de la politique économique (indépendance des Banques Centrales). En cas de hausse des taux d'intérêt, le gonflement de la dette publique est la contrepartie nécessaire de la volonté du secteur privé de détenir plus d'actifs financiers (et en particulier, du désir des entreprises de se désendetter). Une fois reconnu que des déficits publics de régulation sont parfois nécessaires, les critères de finances publiques du Traité de Maastricht et du Pacte de Stabilité n'apparaissent pas justifiés. En cas de choc commun, la coordination des politiques budgétaires et de la politique monétaire est nécessaire pour fixer les objectifs d'inflation et d'activité et décider quel instrument doit être utilisé. En cas de choc spécifique à un pays, celui-ci doit pouvoir utiliser sa politique budgétaire de façon autonome, tant que son taux d'inflation reste en ligne avec l'objectif de l'UE et qu'il ne contribue pas de façon excessif au déficit extérieur de l'Union. Il n'existe pas de critères automatiques qui permettrait de faire l'économie d'une analyse précise de la situation conjoncturelle de chaque pays.