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 Crises et capacité d'endettement public : la révolution financière anglaise aux XVIIe et XVIIIe siècles


Pierre DOCKÈS * Professeur de sciences économiques, Université Lyon 2. Contact : pierre.dockes@univ-lyon2.fr.

Un résultat remarquable qui n'empêcha pas le rapport « dette/PIB » de croître de façon vertigineuse jusqu'en 1815 au rythme des guerres avec la France.

Entre 1688 (la Glorious Revolution) et les années 1730-1740, l'Angleterre réussit à se doter d'une capacité d'endettement considérable. Cette révolution financière fut le nerf des guerres qui se succèdent jusqu'en 1815. Elle anticipe et prépare la révolution industrielle, l'expansion capitaliste et la domination britannique. La dette et le rapport « dette/PIB » vont pouvoir exploser au xviiie siècle, ce dernier dépassant 250 % en 1815. S'il y eut des secousses financières, le sterling et le crédit de l'État vont tenir et se consolider. L'article montre comment cela s'est réalisé : augmentation de la capacité à lever des impôts en relation avec la prise de pouvoir parlementaire, réforme monétaire accomplie dans la crise de 1694-1697, création de la Banque d'Angleterre pour soutenir la dette, politique de transformation de la dette en actions d'une compagnie coloniale, de cantonnement et de restructuration qui a donné lieu à la dérive spéculative majeure de la South Sea Bubble.

Le contraste entre les xviiie et xixe siècles est spectaculaire. Après 1815, la domination britannique assurée, la priorité sera donnée à la baisse des prélèvements ; le montant de la dette ne sera réduit que tardivement et modérément. En revanche, grâce à la croissance, le rapport « dette/PIB » va s'effondrer. Jusqu'en 1914.

Cela s'est fait dans les guerres perpétuelles, les conflits politiques.

Le xixe siècle connaît une chute vertigineuse du rapport « dette/PIB », mais une baisse du montant de la dette seulement tardive et modérée.

Il n'existe rien de tel qu'un seuil d'endettement public au-delà duquel la croissance des pays chuterait brutalement (comme un article fameux, mais fautif, de Reinhart et Rogoff (2010) le laissait croire). De même – les deux questions sont liées – il n'est pas de taux d'endettement au-delà duquel les États seraient systématiquement confrontés au risque de crise de la dette souveraine. Ils ont des capacités d'endettement très variables. Aujourd'hui, un pays comme le Japon qui dispose de la souveraineté monétaire et emprunte dans sa monnaie peut atteindre un taux de 260 % sans problème alors que l'Argentine à 100 % est à nouveau en crise. Une importante capacité d'endettement permet d'échapper au risque de défaut, d'éviter un accroissement intempestif des prélèvements ou des mesures monétaires, la fuite dans l'inflation ; elle fait…