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 Sens privé, sens commun ?


Jean-Michel SEVERINO * Senior fellow, Fondation pour les études et la recherche internationale (Ferdi) ; membre, Académie des technologies. Contact : severinojm@hotmail.fr.

Cet article traite de la transformation de la conception de l'entreprise dans le monde contemporain et de la manière dont elle est conduite à être un nouveau contributeur aux biens publics globaux. Héritière d'une vision de l'entreprise comme simple générateur, notre société évolue sous la pression conjuguée des consommateurs, des salariés, des régulateurs, mais aussi des dirigeants et des actionnaires, dans un monde marqué par l'apparition de causes publiques auxquelles les entreprises sont sommées de contribuer. L'article propose de redéfinir l'entreprise à partir de la valeur qu'elle génère. Cela permettra de remettre en perspective le nouveau paysage de politique publique, comme de stratégie pour les entreprises, qui se dessine.

Nous sommes les héritiers d'une tradition qui a sans cesse opposé le « privé », règne de l'égoïsme, au « public », règne de l'intérêt général. Jésus ne déclarait-il pas : « Rends à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »1 ? La pensée occidentale n'a cessé de structurer cette séparation. Si la Réforme (Weber, 1904-1905) réhabilita la poursuite du profit en tant que catégorie éthique, elle ne vit pas d'autre fin que la première dans les affaires.Jusqu'à récemment, ce dualisme tenait encore le haut du pavé. En France, l'article 1833 du Code civil stipulait que l'entreprise était seulement constituée dans l'intérêt de ses associés. Les courants philosophiques « de gauche » ne voient dans l'entreprise que le creuset de l'oppression, tandis qu'à « droite », on la renvoie à son seul rôle de générateur de profits.Ce temps passe.…