Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
35 € Format papier
26 € Format ePub
26 € Format PDF
Télécharger

Revue d’économie financière
REF 157 Femmes et finance

publication : avril 2025 256 pages

 Femmes et finance

Introduction Accès gratuit


Marie-Hélène BROIHANNE Gunther CAPELLE-BLANCARD Antoine REBÉRIOUX
Classification JEL : A14 A32 J16

L'introduction du numéro « Femmes et finance » de la Revue d'économie financière propose une analyse critique des inégalités de genre dans le secteur financier et en matière de gouvernance d'entreprise, tout en synthétisant les contributions des différents articles présentés. Ce numéro ambitionne de montrer que les enjeux liés à l'équité de genre en finance dépassent la simple quête de gains de performance, en s'inscrivant dans une perspective plus large visant à renforcer l'inclusivité et la diversité. À cet égard, de nombreuses opportunités émergent, nécessitant des réformes éducatives, institutionnelles et culturelles, afin de combattre les discriminations et de promouvoir une véritable égalité des chances.

Disparités entre les hommes et les femmes dans le secteur financier : enjeux d'accès, de salaire et de pouvoir décisionnel


Christine LAGARDE
Classification JEL : G20 G30 J16

Malgré les progrès accomplis, le secteur financier demeure un terrain semé d'embûches pour les femmes. Elles continuent de se heurter à des obstacles qui limitent leur accès aux services financiers, à des rémunérations égales, et à des postes à responsabilités. Pourtant, les avantages d'une véritable égalité de genre sont évidents : une performance économique améliorée, une plus grande stabilité, et une gestion plus responsable des enjeux environnementaux. Pour franchir cette étape, une approche multidimensionnelle est nécessaire. Des mesures coercitives, telles que les quotas, s'avèrent nécessaires. Toutefois, elles doivent s'accompagner d'une profonde évolution des mentalités. Il est crucial que les hommes prennent pleinement conscience de leur rôle dans la sphère domestique, et que la confiance des jeunes femmes soit renforcée.

 Attitudes, préférences et stéréotypes

Les femmes (et les hommes) dans la finance ne sont pas « typiques »


Renée B. ADAMS
Classification JEL : G20 G34 J16 J24

Contrairement aux idées reçues, les femmes travaillant dans la finance peuvent être moins averses aux risques que les hommes. Cette différence de genre « atypique » peut s'expliquer par les choix qui conduisent les femmes et les hommes à travailler dans la finance. En m'appuyant sur des données concernant les directeurs d'entreprises financières, et non financières, et concernant la population en général, je démontre que les caractéristiques individuelles, telles que l'aversion au risque, peuvent varier considérablement au sein d'un même groupe de personnes. Je montre également que la répartition des préférences peut changer une fois qu'elles sont conditionnées par des choix. Formuler une politique, en se basant sur des suppositions relatives aux attributs « typiques » inconditionnels, peut être trompeur et conduire, en écologie, à des erreurs comme l'hypothèse « Lehman Sisters ».

Littératie financière : le « mauvais » genre ?


Luc ARRONDEL
Classification JEL : A20 D14 G11 I20 J26

Le concept de « financial literacy » est, aujourd'hui, un point de passage obligé, afin d'étudier la finance des ménages. Toutes les études empiriques montrent que, globalement, les connaissances financières des individus sont plutôt limitées, particulièrement dans certaines catégories de la population, notamment chez les femmes. Cet article fait le point sur ce gender gap, dans le cas de la France. Cet écart semble davantage expliqué par les normes sociales, les stéréotypes de genre, ou encore les préférences, que par les caractéristiques observables des individus. Une politique d'éducation financière, visant à améliorer la littératie, doit donc être différenciée selon le sexe.

Finance et genre : les enseignements de l'économie expérimentale


Nicolas EBER
Classification JEL : C90 G40 J16

Les expériences contrôlées en laboratoire mettent en évidence des différences significatives de préférences et de comportements entre les hommes et les femmes : ainsi, ces dernières ont tendance à prendre moins de risque, à être plus patientes, et plus loyales. Il ne s'agit pas, dans cet article, de s'interroger sur les causes de ces différences (innées ou acquises), mais d'examiner comment ces différences peuvent se traduire par des écarts de performances financières entre les hommes et les femmes. Les travaux récents d'économie expérimentale cherchent à étudier, sans dégager, pour le moment, de résultats totalement clairs, l'impact de la présence de femmes sur le risque d'apparition de bulles spéculatives sur les marchés financiers, la probabilité de paniques bancaires, ou encore la viabilité des programmes de microfinance.

La place des femmes dans la recherche en économie et en finance : des progrès, mais peut (beaucoup) mieux faire


Emmanuelle TAUGOURDEAU Soledad ZIGNAGO
Classification JEL : A11 I23 J71

Cet article présente un état des lieux du déséquilibre existant dans le monde de la recherche en économie et en finance, notamment en France. Celui-ci ne s'explique pas par un déséquilibre précoce lié à l'orientation des étudiantes et des étudiants, dans les études de sciences économiques. Il se creuse au fur et à mesure de la carrière des jeunes économistes pour devenir persistant. Pour essayer de remédier à cet état de fait, les initiatives, mises en place dans plusieurs pays au travers de comités de promotion de femmes économistes (WinE), essaient de les accompagner, dans leurs parcours, par des programmes de mentorat, de coaching, ou de mise à disposition de réseaux de soutien, par exemple. Malgré ces diverses initiatives, la parité et la disparition du plafond de verre sont des objectifs encore loin d'être atteints dans la profession.

 Les femmes et les marchés financiers

Où sont les filles qui n'ont pas froid aux yeux ? Réflexions sur la (sous-)représentation des femmes dans l'industrie de la gestion d'actifs


Alexandra NIESSEN-RUENZI Stefan RUENZI
Classification JEL : C91 G11 G41 J16 M14

Dans cet article, nous explorons le déséquilibre persistant entre les genres dans l'industrie de la gestion d'actifs, en analysant pourquoi les femmes restent sous-représentées, malgré diverses initiatives en faveur de la diversité. Cette disparité résulte de biais culturels profondément enracinés, de stéréotypes et de structures institutionnelles qui découragent les femmes d'entrer et de progresser dans le secteur financier. Les stéréotypes historiques de genre présentent la finance comme un domaine masculin, une perception renforcée par les médias et les normes en entreprise, ce qui dissuade les femmes d'entrer dans ce secteur. Les femmes font face à des obstacles supplémentaires, en particulier un accès limité aux postes de direction, et à des écarts de perception de leurs propres compétences, aggravés par les préjugés des clients favorisant les gestionnaires de fonds masculins. Ces facteurs créent un cycle auto-entretenu, rendant la finance peu accueillante pour les femmes. Dans cet article, nous proposons certaines solutions telles que la promotion d'un environnement de travail inclusif, la mise en place de politiques favorables à la famille, la nomination de femmes à des postes de direction, et la sensibilisation des clients aux biais existants. En encourageant l'entraide et en modifiant les valeurs du secteur, nous visons à rendre les carrières en finance plus accessibles et intéressantes pour les femmes. Nous soutenons que l'augmentation de la représentation féminine pourrait libérer de nouveaux niveaux d'innovation et de leadership, au sein du secteur financier.

Femmes et investissement


Marie BRIÈRE
Classification JEL : G11 G41 G51 G53

Les hommes et les femmes diffèrent dans leurs décisions d'investissement. Dans cet article, nous passons en revue les principales différences en matière d'aversion au risque, de choix de portefeuille, d'investissement en capital-risque et d'investissement socialement responsable, ainsi que leurs causes : facteurs génétiques et sociaux, éducation financière, conseil, etc. Ces différences soulèvent des questions importantes pour les politiques publiques, notamment pour l'adéquation financière des femmes à la retraite. Les développements récents en matière d'intelligence artificielle et les nouveaux services financiers associés (Fintechs et robo-advisors) peuvent, aujourd'hui, offrir des outils prometteurs pour réduire les inégalités.

« Money counts » : pourquoi les femmes devraient s'intéresser davantage à la finance, et la finance aux femmes


Marie-Anne BARBAT-LAYANI
Classification JEL : G20 G30 J16

Cet article souligne l'importance, pour les femmes, de s'impliquer davantage dans la finance, non seulement pour leur autonomie financière, mais aussi pour la dynamique économique. Malgré des avancées législatives en France, comme les lois Copé-Zimmermann et Rixain qui ont renforcé la parité dans les instances dirigeantes, les femmes restent sous-représentées aux postes clés, notamment en finance de marché et dans le capital-risque. Le déficit d'investissement des femmes, dû à des stéréotypes et à un manque de confiance, réduit leur richesse et affecte, négativement, le financement de l'économie. L'article appelle à briser ces barrières, et met en avant l'impact positif de la diversité sur la performance et la durabilité des entreprises.

Investir dans l'égalité : mesure et performance


Gunther CAPELLE-BLANCARD
Classification JEL : G20 G11 J16 M14

Le principe d'égalité entre les hommes et les femmes, notamment au travail, fait, aujourd'hui, quasiment l'unanimité. La législation a beaucoup aidé à ce que ce principe devienne réalité, et la grande majorité des entreprises déclare faire de la diversité, de l'équité et de l'inclusion, une priorité. Malgré tout, les écarts subsistent. Cette dissonance entre les principes affichés et la réalité observée soulève plusieurs questions. Comment mesurer les inégalités de genre au travail ? Dispose-t-on d'indicateurs fiables ? Peut-on choisir sa banque, ou ses actions, en tenant compte de ces indicateurs ? Et, le cas échéant, est-ce une bonne stratégie ? Spoiler alert : ce n'est pas encore gagné...

 Les femmes et les banques

La mixité dans la banque : un engagement de long terme et des défis collectifs


Maya ATIG
Classification JEL : G21 J16

Cet article explore l'évolution de la mixité et de l'égalité professionnelle dans le secteur bancaire en France, en mettant en lumière les avancées et les défis persistants. Depuis les premières initiatives des années 2000, telles que les accords sur l'égalité professionnelle, le secteur bancaire s'est affirmé comme un précurseur en matière de féminisation. Aujourd'hui, les femmes représentent plus de la moitié des effectifs, avec une progression notable dans les postes cadres. Toutefois, des écarts subsistent, notamment en termes de rémunération et de représentation aux plus hauts niveaux hiérarchiques. L'article met en avant des leviers pour surmonter ces obstacles, notamment les réseaux féminins, les programmes de formation et les partenariats éducatifs. En parallèle, des efforts sont déployés pour attirer des femmes dans les filières scientifiques et techniques. L'inclusion des femmes, facteur clé de performance, est présentée comme un impératif, afin de garantir la pérennité et l'innovation dans le secteur bancaire.

Microfinance et autonomisation des femmes : opportunités et limites


Jérémie BERTRAND Caroline PERRIN
Classification JEL : G21 J16

Cet article propose une revue de la littérature existante sur l'impact de la microfinance sur l'autonomisation des femmes. À travers l'examen de divers travaux académiques, il met en exergue les bénéfices potentiels de la microfinance, notamment en matière d'indépendance financière et de pouvoir décisionnel des femmes. Cependant, il souligne également les limites et les défis, tels que le surendettement et les normes patriarcales, pouvant restreindre l'efficacité de ces programmes.

Les femmes dans les banques centrales : la grande transformation ?


Nesrine BENTEMESSEK KAHIA Guillaume VALLET
Classification JEL : A13 E50 G20 G30 M14

Longtemps marquées par une faible présence féminine, les banques centrales ont connu, notamment au cours de la dernière décennie, une progression rapide de la représentation des femmes, portée par un effet de rattrapage. Toutefois, la poursuite de cette dynamique mérite d'être interrogée. L'évolution de la part des femmes dans les nouvelles nominations de gouverneurs de banques centrales illustre, en effet, une progression encore inégale. Cet article analyse cette trajectoire, identifie les freins potentiels à cette avancée, et explore les leviers permettant de relancer la dynamique en faveur d'une meilleure représentation des femmes, y compris au sein des instances de gouvernance. Afin d'éclairer ces enjeux, nous avons mené des entretiens avec trois banquières centrales ayant occupé, ou occupant encore, des postes dans des instances dirigeantes, au sein d'institutions situées dans trois différentes régions géographiques.

 Les femmes et les grandes entreprises

Femmes et gouvernance


Édith GINGLINGER
Classification JEL : G34 G38 J16 K38 M14

La féminisation des instances de gouvernance des entreprises est l'un des faits majeurs des quinze dernières années. Cet article propose un état des lieux de la parité dans les plus hautes fonctions de l'entreprise : le conseil d'administration, le comité exécutif et la direction générale. Il s'interroge sur les effets réels, économiques et sociaux, d'une plus grande diversité de genre. Il souligne qu'une gouvernance plus féminine réduit les risques, assure une plus grande résilience et des comportements plus éthiques, et améliore les performances environnementales et sociales.

La place des femmes en finance : barrières internes et externes


François LONGIN Estefania SANTACREU-VASUT
Classification JEL : J16 M14

Cet article explore les inégalités de genre dans les marchés et dans les institutions financières, en mettant l'accent sur les barrières internes et externes que rencontrent les femmes. Les auteurs identifient deux types de barrières : les barrières internes existant au sein des entreprises, et les barrières externes influencées par les marchés financiers, les médias et la culture. L'étude examine la sous-représentation des femmes à différents niveaux, notamment en tant que dirigeantes d'entreprise, et met en lumière les préjugés et les stéréotypes de genre qui freinent leur progression. Ces obstacles, qu'ils soient d'ordre organisationnel, médiatique ou sociétal, contribuent à la persistance des inégalités dans la finance. L'article conclut en proposant des recommandations pour améliorer la place des femmes dans ce secteur crucial, et en soulignant l'importance d'une plus grande équité pour favoriser la croissance économique et l'efficience des marchés financiers.

Gouvernance des entreprises : quelle efficacité pour les quotas de genre ?


Antoine REBÉRIOUX
Classification JEL : G34 G38 J16 J78 K22

Sur les quinze dernières années, les quotas de genre s'appliquant au conseil d'administration, ou de surveillance, des sociétés cotées se sont multipliés, en Europe principalement. Cet article s'intéresse à la mise en œuvre et aux conséquences de ces quotas, en contrastant, notamment, cette technique réglementaire avec une approche moins contraignante, du type comply or explain. Il s'avère que les quotas ont permis un rééquilibrage massif de la représentation genrée au sein des conseils. Toutefois, leur impact sur l'influence globale des femmes en matière de gouvernance (participation aux sous-comités ou à la présidence des conseils, ainsi qu'à la direction proprement dite) est plus nuancé. Nous concluons en discutant de la loi Rixain, imposant un quota de genre non plus au niveau des conseils (d'administration ou de surveillance), mais au niveau de la direction proprement dite.

 Chronique d'histoire financière

L'art comme valeur refuge : le cas de Paris pendant la crise de 1929


Rebecca BENAIS Amir REZAEE
Les crises financières se déroulent, souvent, selon un schéma prévisible, comme l'ont décrit Kindleberger et Aliber (2005). Un choc externe, tel qu'une innovation technologique ou qu'une modification politique, vient perturber l'équilibre économique. S'ensuit, généralement, une période d'expansion, alimentée par un accès facile au crédit et par une spéculation. Les prix des actifs s'envolent, et…

 Finance et littérature

L'égalité des sexes ou les désillusions du progrès


Alain-Gérard SLAMA
Du plafond de verre à la falaise de verreParmi les débats qui divisent les démocraties contemporaines, l'inégalité des sexes est l'un des plus complexes. C'est particulièrement vrai du traitement que lui réserve notre littérature. Au xixe siècle, George Sand ou Victor Hugo n'avaient pas ce problème. Héritiers des Lumières, ils croyaient dans un progrès de la nature humaine, qu'ils voyaient…

 Article divers

L'« article 8 » : un dispositif oublié de garantie publique pour le financement des PME


Alex AMIOTTE SUCHET
Classification JEL : E52 E63 N20

Cet article explore le potentiel du marché de l'art comme une valeur refuge, malgré ses spécificités et ses limites comparativement aux marchés financiers traditionnels. L'étude de Rezaee et Sequeira (2021) sur le marché de l'art parisien, pendant le krach de 1929, révèle une stabilité surprenante. Leur analyse suggère un phénomène connu sous le nom de « flight-to-safety » : face à la chute des prix des actions, les investisseurs se seraient tournés vers le marché de l'art, augmentant ainsi sa liquidité et réduisant sa volatilité.