Revue d’économie financière REF 156
Innovation financière dans les pays en développement
Innovation financière dans les pays en développement
Introduction Accès gratuit
Innovations : efficacité et inclusion
Opportunités et risques du déploiement des Fintechs dans les pays émergents et en voie de développement
Cet article se propose de décrire et, surtout, d'expliquer les effets singuliers des nouvelles technologies financières dans les pays émergents et en voie de développement. S'agissant des services de paiement, l'introduction de l'« argent mobile » a fait progresser très fortement la détention de comptes bancaires et, donc, l'inclusion financière. Les révolutions dans les modes de communication, ainsi que dans la collecte et le traitement de l'information, ont rendu l'accès au crédit plus facile et plus efficient. Pour d'autres services, notamment l'assurance, les progrès ont été moins évidents et plus hétérogènes selon les pays. Aller plus loin nécessitera, de la part du secteur public, des investissements dans plusieurs domaines (infrastructures, formation, etc.). Il faudra aussi réviser les systèmes de réglementation financière qui ne permettent plus d'assurer l'ensemble de leurs objectifs devenus difficiles à concilier (stabilité, concurrence équitable, protection des informations).
Les monnaies numériques et l'avenir de la microfinance
Au Kenya, l'introduction du M-Pesa constitue une révolution : destiné, à l'origine, à faciliter les envois d'argent, son succès et les possibilités d'étendre son utilisation à des usages de toutes sortes ouvrent un nouveau chapitre dans l'inclusion de populations jusque-là exclues financièrement. L'expérience est copiée internationalement. De larges masses populaires accèdent à des services financiers de plus en plus amples, d'où un impact favorable, quoique réduit. Cette inclusion financière via le téléphone portable transforme les institutions de microfinance en agents des entreprises de téléphonie.
L'une des ouvertures de cette inclusion financière consiste en la possibilité d'emprunter, de façon simple et rapide, par le biais d'un logiciel contenu dans le téléphone. Cette facilité a pour contrepartie que des individus très pauvres s'endettent de façon inconsidérée, ouvrant une brèche dans les avantages de cette inclusion.
Ainsi, si l'inclusion financière au moyen du téléphone portable arrive à réduire la pauvreté, elle aboutit aussi au résultat contraire dans bien des cas.
Développer l'inclusion financière grâce aux services financiers numériques
Entre 2011 et 2021, le nombre de personnes possédant un compte bancaire a augmenté de 50 % dans le monde, pour atteindre 76 % de la population adulte mondiale. L'objectif de l'inclusion financière n'est pas simplement d'accroître le nombre d'adultes détenant un compte, mais aussi de s'assurer que les détenteurs de comptes tirent parti de leur utilisation, en particulier pour les paiements numériques qui présentent une multitude d'avantages allant bien au-delà du simple confort. Cet article analyse les preuves qui montrent que les paiements numériques peuvent accroître l'inclusion financière chez les bénéficiaires et encourager l'utilisation de services financiers formels supplémentaires, comme l'épargne, le crédit et l'assurance. Il examine comment les transactions numériques peuvent renforcer la sécurité et la confidentialité, notamment pour les femmes, ainsi que la possibilité de constituer un historique de crédit numérique pour l'évaluation du risque de crédit. Toutefois, l'introduction des paiements numériques pour les adultes à faible revenu comporte certains risques, tels que la fraude et l'hameçonnage ciblant les comptes, le surendettement en matière de crédit numérique, et les clients recevant des informations incomplètes ou incorrectes sur les frais et les coûts des produits financiers.
L'innovation financière en Amérique latine et dans les Caraïbes : pragmatisme et progrès
En matière d'innovation financière, l'Amérique latine et les Caraïbes se distinguent. Les innovations numériques ont contribué à réduire les coûts et à améliorer l'accès aux services financiers. Des politiques pragmatiques, comme les infrastructures publiques et la réglementation, ont permis de corriger les distorsions économiques pouvant survenir sur les marchés. Cet article offre un aperçu théorique et pratique de l'innovation financière dans la région. À partir d'exemples, comme Pix au Brésil, SINPE Móvil au Costa Rica, les monnaies numériques des banques centrales dans les Caraïbes et les portefeuilles numériques, les prêts, les assurances et les services de haute technologie dans d'autres pays, il met en évidence le fait que l'innovation se développe rapidement. Ces expériences méritent d'être approfondies pour éclairer les choix politiques.
Rechercher l'impact social et environnemental
Comment lever les barrières à l'extension de la finance durable et transformationnelle
La blended finance est une forme de financement mixte où les fonds publics sont utilisés pour mobiliser les capitaux privés dans la recherche d'impacts liés à la poursuite des Objectifs de développement durable (ODD). Les structurations en blended finance innovantes se sont multipliées, ces dernières années. Derrière ces structurations, l'enjeu pour les autorités publiques est d'ancrer une stratégie d'investissement des financements privés dans une planification publique globale. De plus, en co-investissant avec le secteur privé, le secteur public développe une bonne compréhension et un pricing adéquat des risques que le privé est prêt à porter, et peut ainsi mieux calibrer le besoin en fonds concessionnels ou en subventions.
Cet article met en lumière la façon dont notre approche de la blended finance peut contribuer à lever certaines barrières en termes non seulement de bancabilité, mais aussi de coordination entre politiques publiques et investissements privés, et de standardisation des mesures d'impacts, afin de faire émerger, in fine, une nouvelle classe d'actifs et des nouveaux modèles économiques durables.
L'investissement d'impact et le développement financier en Afrique
Cet article examine la relation prometteuse entre l'investissement d'impact et le développement financier en Afrique. L'investissement d'impact est une innovation financière visant à concilier rentabilité financière, d'une part, et impacts (économiques, sociaux et environnementaux), d'autre part. Bien que ce secteur commence à s'implanter en Afrique, sa croissance demeure limitée. L'article souligne que pour se développer, l'investissement d'impact doit s'appuyer sur un système financier solide, ce qui fait défaut dans de nombreuses économies africaines. En retour, cette nouvelle classe d'actifs pourrait renforcer le secteur financier en favorisant l'accès aux crédits bancaires et l'innovation financière. Ainsi, l'investissement d'impact et le reste du système financier sont étroitement liés, et le développement du premier ne peut se faire de manière isolée.
Mieux gérer la dette internationale
Endettement souverain et innovations financières en Afrique subsaharienne : défis et perspectives
Cet article explore les défis majeurs liés à la gestion de la dette souveraine en Afrique subsaharienne et les innovations financières susceptibles d'apporter des solutions. Après une réduction de l'endettement dans les années 2000, la région fait face à une nouvelle dynamique de surendettement, exacerbée par des besoins de financement importants et une forte dépendance aux matières premières. Les instruments financiers innovants, tels que les state-contingent debt instruments (SCDI) et les obligations durables, sont analysés comme des moyens potentiels de stabiliser la dette. Cependant, leur complexité, leur faible liquidité et la réticence de certains créanciers limitent leur efficacité. L'article souligne également les risques de financiarisation excessive de la gestion de la dette publique, pouvant compromettre les efforts de transition écologique, tout en appelant à une approche plus coordonnée et durable pour la gestion de la dette souveraine dans la région.
La nature sous hypothèque ? Promesses et réalités des échanges dette-nature pour les pays émergents
Cet article analyse l'efficacité, les limites et les enjeux de gouvernance des échanges dette-nature (EDN) en tant qu'outil financier permettant d'alléger l'endettement externe des pays émergents et en développement (PEED), tout en orientant des ressources vers la préservation de la biodiversité et l'adaptation au changement climatique. Dans un contexte où les PEED doivent composer avec une hausse rapide du stock de dette publique, des contraintes de refinancement accrues et une aggravation des effets du changement climatique, les EDN font l'objet d'un regain d'intérêt. Malgré une capacité théorique à débloquer des financements pour la protection de la biodiversité et l'adaptation au climat, ces opérations n'allègent que marginalement la dette. Les coûts élevés liés aux transactions et le manque de transparence limitent fortement leurs bénéfices concrets. De plus, l'efficacité écologique demeure incertaine : l'additionalité environnementale est rarement démontrée, et les engagements pris en matière de politiques environnementales manquent souvent d'évaluations indépendantes. Face à ces résultats, cet article souligne la nécessité d'une refonte des EDN, incluant l'adoption de normes plus strictes en matière de suivi, d'évaluation et de gouvernance, une meilleure intégration aux priorités nationales et un ciblage plus pertinent des écosystèmes prioritaires. Bien que les EDN ne constituent pas une solution miracle aux vulnérabilités systémiques dette-climat-nature, leur amélioration pourrait contribuer à renforcer la résilience environnementale et budgétaire des PEED.
L'innovation financière au service de la lutte contre les vulnérabilités économiques en Afrique
Ces dernières années, les économies africaines ont été confrontées à des défis croissants en matière d'endettement et de liquidité, dus à une série de chocs externes sur les marchés internationaux, exacerbés par des vulnérabilités régionales et/ou propres à chaque pays. Cet article propose un cadre pour un Mécanisme africain de liquidité et de stabilité (MALS), afin d'atténuer ces contraintes avec des outils ciblés sur le soutien en liquidité et la prévention des crises. Ce mécanisme comprend des instruments pour stabiliser les coûts d'emprunt, se couvrir contre les fluctuations des matières premières et permettre une restructuration durable de la dette. Il viserait à renforcer l'accès à des financements abordables, améliorer la résilience face aux chocs externes et promouvoir le développement de marchés financiers solides en Afrique.
Chronique d'histoire financière
Impact des cyclones tropicaux sur le secteur bancaire dans les Caraïbes coloniales britanniques
Finance et littérature
Quand Hugo annonçait Schumpeter
Articles divers
Dispositifs d'accountability hétérogènes parmi les banques centrales de l'Eurosystème
Selon les principes de la gouvernance moderne des banques centrales, l'accountability est le pendant nécessaire de l'indépendance. La littérature empirique sur la gouvernance des banques centrales a produit quelques indices de leur accountability, mais à une échelle beaucoup plus réduite que ceux d'indépendance. La recherche empirique sur l'accountability des banques centrales dans l'Eurosystème est particulièrement insuffisante, dans un contexte post-crise financière globale ayant connu une extension du domaine d'activité des banques centrales. Les recherches empiriques récentes se concentrent sur les pratiques de la Banque centrale européenne, et les banques centrales nationales n'ont pas reçu beaucoup d'attention, bien qu'elles continuent de jouer un rôle important. Afin de mettre en lumière les zones d'ombre de l'accountability des banques centrales de l'Eurosystème, cet article fournit des indices mis à jour et compare les dispositifs d'accountability des banques centrales nationales. Malgré une homogénéité dans le niveau global d'accountability, les banques centrales nationales ont des procédures très hétérogènes, en ce qui concerne la reddition de comptes aux autorités politiques. Différentes combinaisons entre indépendance et accountability, ainsi que l'impact potentiel des récentes évolutions du central banking sur la confiance dans les banques centrales sont discutés, en particulier à travers le prisme des théories institutionnalistes françaises de la monnaie.
Les cryptomonnaies : de fausses monnaies ?
Les cryptomonnaies connaissent un développement rapide. Cependant, sur la base de l'examen des fonctions traditionnelles de la monnaie, tous les spécialistes ne leur accordent pas le même statut. Pour dépasser ce débat, en renversant le sens de l'analyse, l'objet de cette contribution est de montrer que les cryptomonnaies possèdent cinq caractéristiques faisant d'elles des fausses monnaies : elles n'ont pas de fondement juridique légal, le fondement économique de leur valeur ne repose pas sur la production, elles peuvent être assez facilement imitées, elles ont le plus souvent un usage local et sont difficiles à convertir. Ainsi, cryptoactif est bien le terme qu'il convient d'utiliser.