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 Littératie financière : le « mauvais » genre ?


Luc ARRONDEL * Directeur de recherche, CNRS ; professeur, Paris School of Economics. Contact : luc.arrondel@psemail.euL'auteur remercie les éditeurs de ce numéro pour leurs remarques sur la première version de cet article. Cette recherche a bénéficié du soutien de l'axe « Économie publique et redistribution » du CEPREMAP. L'Institut Europlace de Finance (IEF) a également soutenu financièrement ce travail.

Le concept de « financial literacy » est, aujourd'hui, un point de passage obligé, afin d'étudier la finance des ménages. Toutes les études empiriques montrent que, globalement, les connaissances financières des individus sont plutôt limitées, particulièrement dans certaines catégories de la population, notamment chez les femmes. Cet article fait le point sur ce gender gap, dans le cas de la France. Cet écart semble davantage expliqué par les normes sociales, les stéréotypes de genre, ou encore les préférences, que par les caractéristiques observables des individus. Une politique d'éducation financière, visant à améliorer la littératie, doit donc être différenciée selon le sexe.

Le concept de « littératie financière » (financial literacy) est, aujourd'hui, un point de passage obligé pour étudier la finance des ménages (household finance), et ce, tant du point de vue de la recherche académique que de celui de la politique publique. Annamaria Lusardi, l'une des principales économistes à l'origine de ce concept, définit la littératie financière comme « la connaissance des concepts financiers de base et la capacité à effectuer des calculs simples » (Lusardi et Mitchell, 2011). Des économistes, parmi certains très célèbres, parent cette culture économique et financière de nombreuses vertus (Arrondel, 2021) : la construction d'une « démocratie financière » permettrait d'éviter les crises financières (Shiller, 2008), de réduire les inégalités et d'accroître le bien-être (Lusardi, 2019), de générer de la croissance…