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MiFID II, véritable big bang en matière de recherche

04/05/2017 AMGroup Visiter le site source

Résumé de l’intervention de Muriel Faure, Membre du Collège de l’AMF et Présidente de la Commission Recherche et Innovation de l’AFG en conclusion du séminaire organisé par l’AFME et l’AFG, le 27 avril 2017 dernier à Paris et intitulé « The New Research Requirements »

En conclusion de ce séminaire dédié aux contraintes en matière de recherche induites par MiFID II, je vous propose d’adopter un point de vue positif sur cette réglementation.

En effet, et c’est une excellente chose, MiFID II nous oblige à reconsidérer le coût de production et le prix d’acquisition de la recherche externe, tant il est vrai que tout service a un prix et un coût.

Mais comme nous avons pu l’entendre lors des deux tables rondes qui ont précédé, la mise en place des nouvelles règles de MiFID II occasionne un véritable big bang dans nos métiers et je vois trois impacts positifs à cette implémentation :

1. Il y a un véritable challenge en matière de gestion dans la mesure où cela nous oblige à reconsidérer l’utilisation de la recherche externe

Le but du recours à la recherche externe est d’aider les gérants de portefeuilles à prendre de bonnes décisions d’investissement pour satisfaire leurs clients. Pour que cela fonctionne, il est nécessaire que le processus soit bottom up, avec une implication totale du gérant de portefeuille. Ce qui va rendre nécessaire la formation à de nouvelles façons d’analyser et de nouveaux outils pour le faire.

2. De nouvelles façons de faire de l’analyse financières apparaissent et on constate une transformation de l’écosystème

Je fais référence ici aux plateformes de recherche qui se sont créées récemment au Royaume-Uni et pour certaines en France également : ResearchExchange, ERIC, ResearchPool, Alphametry.

ResearchPool, par exemple, créée en 2015, a mis en ligne près de 100.000 rapports provenant d’une centaine de fournisseurs de recherche du monde entier, couvrant 35.000 petites, moyennes et grandes entreprise de près de 150 pays et correspond à de l’analyse action, obligation, ISR, macro et technique. Les rapports proviennent de boutiques indépendantes à hauteur de 85% mais aussi de brokers et je pense que nous allons voir de plus en plus de brokers rejoindre cette plateforme dans les mois qui viennent. Pour les acheteurs, l’expérience est la même que sur Amazon. Le fournisseur fixe son prix et la transaction est réglée par carte de crédit. A ce jour, ils ont 900 utilisateurs actifs dont 50% sont en Europe, 20% aux Etats-Unis et 20% en Asie.

3. L’utilisation du big data en recherche

Il faut d’abord se rendre compte que le big data démarrant à un TeraByte d’informations (équivalent de la tonne par rapport au gramme…), le recours aux outils sophistiqués comme ceux de l’intelligence artificielle sont nécessaires.

Pour prévoir les ventes d’une entreprise pour le prochain trimestre, les analystes échangent traditionnellement avec le responsable des relations investisseurs ou le DAF de l’entreprise. Mais il peut aussi dorénavant récolter des informations sur les réseaux sociaux, analyser des images satellite ou le trafic sur des sites internet, par exemple. C’est ce que des FinTechs comme Adventis, SESAMm et QuantCube peuvent fournir aujourd’hui aux gérants de portefeuille. Certains gérants dans le monde ont déjà pris conscience de la valeur ajoutée qu’apporte le recours à ces fournisseurs d’informations dont ils sont d’ailleurs les principaux clients aujourd’hui.

Dans le même ordre d’idées, le gérant de portefeuille peut aussi avoir recours à l’analyse des sentiments (sentiment analysis ou opinion mining en anglais) réalisée à partir de sources textuelles dématérialisées sur de grandes quantités de données, ce qu’on appelle le big data, pour mémoire. C’est ce que font les FinTechs MoodSights et SESAMm, par exemple. Il est à noter d’ailleurs que l’AFG a organisé récemment deux conférences sur ces sujets et publié en janvier 2017 un guide sur la transformation digitale des sociétés de gestion de portefeuille.

Comme le soulignait Tilman Lueder (Commission Européenne) lors de son intervention ce matin, dans l’optique où les acteurs vont internaliser leur recherche, quels outils et quelle information vont-ils donc utiliser pour réaliser celle-ci ?

On voit bien que l’émergence de ces nouveaux outils génère et nécessite de nouvelles compétences pour accompagner la recherche traditionnelle, et je pense ici aux Data Analysts et aux Data Scientists, par exemple.

Ce qui me fait penser, et ce sera ma conclusion, que la formation sera déterminante pour intégrer ces nouvelles compétences…