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IFRS 9 fait peser un risque procyclique sur les banques européennes

11/01/2017 AGEFI Visiter le site source
L'Autorité bancaire européenne (EBA) est en charge des stress tests des banques européennes.
 
L’EBA chiffre à 59 points de base l’impact des normes comptables IFRS 9 sur le ratio CET 1 des banques européennes.
(Crédit European Union)

Les normes comptables IFRS 9 continuent de faire couler de l’encre. Alors que l’Autorité bancaire européenne (EBA) a publié une étude chiffrant à 59 points de base (pb) son impact sur le ratio CET 1 des banques européennes, le nouveau régime comptable pourrait peser bien davantage sur leur bilan, estime Barclays. La norme, qui introduit la comptabilisation de provisions dès l’origination, pourrait aussi accélérer la réduction du crédit bancaire en cas de récession.

A l’instar de l’EBA, la banque britannique estime à environ 50 pb l’impact d’IFRS 9 sur les ratios CET 1, qui sera probablement lissé sur trois à cinq ans à partir de sa mise en œuvre en 2018. La norme comptable, qui classe en trois catégories les crédits, est fondée sur une nouvelle approche prospective de l’appréciation du risque. Cela implique la comptabilisation dès l’origination d’un prêt d’une provision couvrant les pertes attendues sur les douze prochains mois. En cas de «détérioration significative du crédit», le passage en catégorie 2 s’accompagne de l’extension de la provision à l’ensemble de la durée de vie du prêt, avec à la clef un effet cliquet potentiel significatif.

«Si une récession suffisamment conséquente se matérialise, les provisions comptabilisées lors de la phase précédente ne seront pas suffisantes», s’inquiète Barclays. «Les banques devront non seulement anticiper des provisions pour des taux de défaut qui doublent en phase de récession, mais en plus faire face à un biais cognitif qui pourrait les amener à les surestimer», ajoute la banque en avançant l'impact de 200 à 300 pb sur les ratios CET 1 des établissements européens du changement de norme. Plus de deux tiers du secteur encaisserait une baisse supérieure à 300 pb de son ratio CET 1, Bank of Ireland étant la banque la plus exposée.

Cet impact est d’autant plus significatif qu’il s’additionnerait à l’inflation des actifs pondérés du risque observée lors des retournements de conjoncture. Barclays, qui chiffre par ailleurs à 200 pb l’impact de «Bâle 4», conclut à une baisse potentielle de près de 600 pb des ratios CET 1 moyens en prenant en compte tous les vents contraires auquel ferait face le secteur en cas de récession. «L’interprétation pessimiste conduit à penser que les banques couperaient les lignes de crédit dès que l’économie se retournerait. IFRS 9 aurait alors la conséquence inattendue d’exacerber les récessions», conclut Barclays.