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Les emprunteurs européens devraient payer un lourd tribut à Bâle 3

05/10/2011 AGEFI
« Les règles renchériraient de 30 à 50 milliards d’euros par an le coût du financement bancaire en Europe, selon S&P, bien plus qu’aux Etats-Unis. »
Par Alexandre GARABEDIAN (l’Agefi Quotidien)
 
 
S&P va dans le sens des banquiers européens. Selon une étude de l’agence de notation, les nouvelles regles de Bale 3 et Solvabilité 2 vont renchérir le cout du crédit pour les entreprises. Elles risquent surtout d’affecter bien davantage les emprunteurs européens par rapport à leurs concurrents américains.
« Les nouvelles regles renchériront de 30 à 50 milliards d’euros par an le cout du financement bancaire en Europe dès qu’elles seront pleinement appliquées en 2018 », calcule S&P, contre 9 à 14 milliards de dollars pour les emprunteurs américains. La raison, bien connue, tient au poids bien supèrieur du financement bancaire sur le Vieux Continent. L’agence évoque aussi une réduction des concours d’une durée supèrieure à 7 ans, des couts de couverture accrus, et une moindre base d’investisseurs en actions.
Depuis plus d’un an, les banquiers européens soulignent cette modification structurelle du paysage financier. « Un certain nombre de banques de financement et d’investissement de deuxième niveau vont réduire la voilure, voire sortir de ces métiers, souligne le patron d’une BFI à Paris. Le crédit sera plus rare et plus cher, et le financement de plus en plus désintermédié ».
Mais l’étude de S&P ne prend pas en compte l’accélération frappante du calendrier reglementaire des dernières semaines en Europe. Alors que le Comité de Bâle a persisté mercredi dans sa volonté d’imposer des surcharges de capital aux banques, Crédit Agricole SA, BNP Paribas ou la Société Générale ont annoncé des réductions de bilan fondées sur une application à 100%, des le 1erjanvier 2013, des regles de Bâle 3, sous la rpession des marchés. Le « deleveraging » progressif qui s’annonçait d’ici à 2018 va donc être effectué en à peine 15 mois dans ces établissements. Avec les risques de chocs sur le crédit (credit crunch) qu’un tel rythme suppose.
Les Européens n’oublient pas, enfin, que les Etats-Unis n’ont jamais appliqué les regles de Bâle 2. « Il y a 90% de chances qu’ils n’appliquent pas Bâle 3 non plus » estime le meme banquier. L’attaque au bazooka de Jamie Dimon, patron de JP Morgan, qui a jugé ce mois-ci les dispositions de Bâle 3 « antiaméricaines », n’est pas passée inaperçue. Dans un tel cas de figure, l’Europe et ses emprunteurs seraient plus désavantagés.